La Finlande pourrait bien voir son paysage de jeux d’argent complètement transformé. Helsinki vient en effet de soumettre à la Commission européenne un projet de loi qui devrait mettre fin au monopole d’État sur les jeux d’argent. Prévu initialement pour être déployé dès janvier 2026, le gouvernement a repoussé cet objectif à 2027.
Une réforme ambitieuse sur les jeux d’argent en Finlande
Les jeux d’argent sont strictement encadrés en Finlande puisqu’on est face à un monopole d’Etat qui existe depuis des décennies. La réforme visant à libérer le secteur est très ambitieuse. Elle permettra aux opérateurs privés d’entrer sur le marché des jeux d’argent dans un cadre strictement réglementé. La Commission européenne, qui a désormais le texte entre ses mains, pourra évaluer sa conformité avec la législation de l’Union européenne et émettre des recommandations.
L’une des grandes nouveautés de cette législation concerne les paris sur les courses hippiques. Initialement, le gouvernement souhaitait conserver cette activité sous monopole d’État. Toutefois, après avoir consulté les acteurs du secteur, le ministère finlandais de l’Intérieur a annoncé que les opérateurs commerciaux pourraient finalement proposer des paris hippiques. Ce revirement témoigne d’une volonté d’associer les différents acteurs à cette ouverture, tout en garantissant une certaine stabilité au secteur. Dans quelle mesure les casinos en ligne seront-ils concernés ? Ils le seront sans aucun doute mais des discussions sont à prévoir.
Une consultation publique qui soulève des inquiétudes
En amont de la présentation officielle, un projet de loi avait été publié en juillet pour consultation publique. Elle avait suscité diverses réactions au sein de l’industrie des jeux d’argent. Certains acteurs avaient exprimé des inquiétudes. Ils estimaient que le projet risquait d’être trop restrictif pour favoriser une saine concurrence et une canalisation effective vers des offres légales.
En particulier, la proposition d’interdire le marketing d’affiliation et les promotions sur les réseaux sociaux a fait grincer des dents. L’Association européenne des jeux et paris (EGBA) a ainsi mis en garde contre un effet potentiel contre-productif. En effet, une telle interdiction pourrait affaiblir la compétitivité des opérateurs agréés.
L’avenir de Veikkaus, l’opérateur de jeux d’État
La transition vers un marché ouvert soulève également des questions sur le devenir de Veikkaus, l’actuel monopole d’État. Le plan prévoit de scinder Veikkaus en deux entités distinctes : l’une dédiée aux activités commerciales ouvertes à la concurrence, et l’autre conservant le monopole sur la loterie nationale. Au sein du gouvernement, certains responsables politiques envisagent même une cession partielle ou totale de l’entité commerciale.
Cette réforme a d’ores et déjà des conséquences sociales pour l’opérateur, qui a engagé des négociations avec 620 employés en vue d’éventuelles suppressions de postes. Cette restructuration fait suite à une baisse de 21 % des revenus bruts du jeu (GGR) de Veikkaus au premier semestre, un chiffre qui reflète les défis économiques d’une ouverture à la concurrence.
La France en plein débat sur la légalisation des casinos en ligne
Avec cette réforme, la Finlande rejoint les nombreux pays européens qui ont déjà choisi de mettre fin au monopole d’État sur les jeux d’argent. Concernant les casinos en ligne, la commission européenne a appelé les gouvernements européens à étudier une ouverture du marché. L’argument principal est que cela porterait un coup fatal à l’offre illégale.
La France reste l’un des deux pays, avec Chypre, où les casinos en ligne sont strictement interdits. Les jeux d’argent autorisés et régulés sont essentiellement les loteries, les paris sportifs et le poker. Ils sont cependant strictement encadrés par l’ANJ.
La légalisation des casinos en ligne reste un sujet sensible en France. Pour preuve, alors que le gouvernement avait ajouté un amendement au projet de loi finance 2025 sur leur autorisation, il a dû précipitamment le retirer. La montée au créneau des casinos terrestres et des municipalités a porté ses effets. Ils craignaient le lourd impact économique et social d’une ouverture du marché aux casinos en ligne.
⚠️Pour de nombreux experts, il est clair cependant que le pas en arrière précipité du gouvernement n’est qu’un contretemps. L’an passé, l’ANJ avait déjà envisagé d’accorder une licence à la FDJ pour la création du premier casino en ligne français. Là encore, cette idée avait vite avorté après la levée de bouclier qu’elle avait suscité. Cependant, il est clair que la France finira tôt ou tard par réguler le marché des casinos en ligne.
Bertrand Robert est un rédacteur expérimenté dans le domaine des jeux d’argent en ligne et des casinos en lignes.