Pendant des décennies, Las Vegas a eu son lot de fortunes gagnées ou perdues. Cependant, rares sont les récits qui peuvent se mettre à la hauteur de ce qu’à vécu Terence Watanabi. Connu parmi les initiés de Las Vegas comme un flambeur compulsif, le nom de Watanabe est murmuré dans les casinos de la ville avec un mélange de révérence et d’effroi. Voici l’histoire d’un homme qui avait tout, et qui a tout perdu à Las Vegas.
Terence Watanabi : d’homme d’affaires à flambeur
Terence Watanabi. A Las Vegas, seuls les initiés murmurent encore son nom. Et pourtant, parmi eux, on sent encore un léger frisson. En 2007, l’un des plus grands casinos de la ville, le Caesar’s Palace , annonçait que 20 % de ses revenus annuels provenaient de cet unique individu.
En seulement 3 ans, cet homme allait perdre la somme record de 204 millions de dollars. Son histoire est celle d’une richesse spectaculaire, d’une ambition sans limites, d’une addiction et d’une fin silencieuse que peu de gens auraient pu prévoir.
Né à Omaha en 1957, Terence Watanabe était le fils de Harry Watanabe, fondateur de l’Oriental Trading Company. Élevé au sein de cet empire commercial, Terence s’est consacré à l’expansion de l’héritage familial, devenant PDG à l’âge de 20 ans.
Sous sa direction, la société va passer de 17 petits magasins locaux à une puissance nationale, générant 25 millions de dollars par mois. Pendant des années, il va se consacrer à l’entreprise familiale fondée en 1932. Pas d’amis, pas de loisirs. En 2000, après un réel burn out, il vend l’entreprise familiale et décide de vivre enfin sa vie. Il participe pendant des années à d’importants projets philanthropiques. Mais un vide subsiste en lui. Ce vide existentiel, il finira par le remplir à Las Vegas. Pour le pire.
L’obsession du jeu
Watanabe a commencé à combler ce vide en faisant des dépenses somptueuses, en achetant l’une des maisons les plus luxueuses d’Omaha. Mais ce luxe n’était rien comparé à son intérêt naissant pour le jeu. Il commence à écumer les salles de jeux. Sa capacité financière éveille très vite l’intérêt des meilleurs casinos de Las Vegas qui repèrent en lui la baleine, le gros joueur qui peut afficher une montagne de cash, et le perdre. Le goût du risque et l’excitation du jeu deviennent son quotidien.
Parallèlement à son addiction croissante au jeu, Watanabe commence à consommer de l’alcool, surtout de la vodka. Sa marque préférée est la Jewel of Russia, à 200 dollars la bouteille. Alcool et jeux, un cocktail explosif menant tout droit à la dépendance.
Le client rêvé de tous les casinos de Las Vegas
Au cours des années qui suivirent, Watanabe dépensa énormément à Las Vegas. Son lieu de prédilection devint le Caesar’s Palace, qui lui offrit une série d’avantages destinés à le garder à la maison. Sa fidélité fut récompensée par la création d’un niveau VIP exclusif, rien que pour lui, celui de « Chairman ». Suites gratuites, jet privé, chefs personnels, accès permanent aux employés du casino, rien ne lui est refusé. Wanatabi n’était pas une simple baleine. Il était LA baleine, celle que tous les casinos s’arrachent.
Les avantages de Watanabe étaient nombreux : 12 500 $ par mois en billets d’avion, un demi-million de dollars en crédits dans la boutique de souvenirs, 15 % de cashback sur les pertes de table dépassant un demi-million de dollars. Il profite bien sûr de billets exclusifs pour des spectacles comme celui des Rolling Stones. La direction du casino donne un ordre à tout le personnel : céder à toutes les demandes de Terrance Watanabe. Rien ne peut lui être refusé.
La baleine sombre dans la dépendance
Pendant trois ans, la vie de Watanabe est ancrée à Las Vegas, où il joue régulièrement, 24 heures sur 24. Il lui arrivait de perdre jusqu’à 5 millions de dollars en une seule fois. Des employés ont plus tard raconté l’avoir vu trébucher dans le casino, visiblement ivre, et même s’endormir à côté des haut-parleurs bruyants de la discothèque.
Mais le Caesars Palace a continué à servir son alcool préféré. Selon des documents judiciaires, le personnel du casino servait régulièrement à Watanabe deux à trois bouteilles de vodka par jour. Des amis et des membres de la famille inquiets ont tenté d’intervenir, mais se sont heurtés à une résistance. À au moins une occasion, un de ses amis a demandé à une serveuse de diluer ses boissons avec de l’eau. La suggestion a été balayée d’un revers de main par la réponse suivante : « Terry prend tout ce qu’il veut. »
Point de rupture
En 2007, à l’occasion de Thanksgiving, la famille de Watanabe prend conscience de l’ampleur de ses pertes. Cette année-là, il avait perdu 127 millions de dollars, ce qui a poussé Caesar’s à lui proposer un prêt de 17 millions de dollars, en supposant que sa fortune lui permettrait de supporter le risque. Mais même sa luxueuse demeure d’Omaha, qu’il avait mise en vente début 2008, n’a pas pu éviter un désastre financier. Au moment où sa famille le ramène à Omaha, Watanabe avait perdu la somme astronomique de 204 millions de dollars, ce qui fait de lui l’un des plus grands perdants de l’histoire de Las Vegas.
Une bataille juridique révèle le côté sombre de Las Vegas
Réalisant la débâcle financière, Watanabe décide d’intenter un procès contre le Caesar’s Palace. Il accuse le casino d’avoir profité de sa dépendance. Il affirme que le personnel l’avait encouragé à boire, sachant qu’il était ivre, et l’avait même encouragé à continuer à jouer. Le procès a révélé un côté de Vegas que peu de gens voient. Celui où l’hospitalité du casino peut devenir impitoyable, brouillant la frontière entre service et exploitation.
Le procès s’est finalement terminé par un accord à l’amiable. Mais alors que sa famille était aux prises avec les conséquences de la situation, la vie de Watanabe a continué à déraper. En 2017, on lui diagnostique un cancer de la prostate. Pour financer son traitement, il est contraint de faire appel à la générosité en lançant une page GoFundMe. On pouvait y lire : « Je suis presque sans abri. Je n’ai pas d’assurance médicale. » Il réussit à récolter 28 000 dollars. Mais on était désormais bien loin de l’opulence antérieure.
Watanabe et les dangers de la dépendance
Aujourd’hui, l’histoire de Terence Watanabe est l’un des récits les plus édifiants et les plus sombres de l’histoire de Las Vegas. Ses difficultés et son procès ont mis en évidence la façon dont certains casinos recherchent le profit à tout prix, exploitant même les clients les plus riches lorsque la dépendance s’installe. Watanabe mène désormais une vie modeste, partageant son histoire sur les réseaux sociaux, dans le but d’aider les autres à éviter ses erreurs. Dans une rare réflexion, il a écrit un jour : « Aujourd’hui, j’essaie de vivre une bonne vie et d’être un homme bon malgré mes défauts et mes erreurs passées. »
Pour un homme qui incarnait autrefois l’excès de Vegas, le parcours de Watanabe est devenu un puissant témoignage des dangers de la dépendance et des limites de la responsabilité des casinos.
FAQ
❓Qui est Terrance Watanabe ?
Terrance Watanabe est un homme d'affaires américain connu pour avoir été un flambeur compulsif à Las Vegas. Il est célèbre pour avoir perdu plus de 204 millions de dollars dans les casinos de la ville, ce qui en fait l'un des plus grands perdants de l'histoire du jeu.
❓Quelles sont les raisons de la chute de Terrance Watanabe ?
La chute de Watanabe est attribuée à plusieurs facteurs, notamment son addiction au jeu, des pressions sociales et un style de vie extravagant. Malgré sa richesse initiale, il a été entraîné dans une spirale de pertes financières qui a finalement conduit à sa ruine.
❓Quel impact l'histoire de Watanabe a-t-elle eu sur le monde du jeu à Las Vegas ?
L'histoire de Terrance Watanabe a suscité des débats sur l'addiction au jeu et les pratiques des casinos. Elle a mis en lumière les risques liés aux jeux d'argent et a incité certaines autorités à renforcer les mesures de protection pour les joueurs vulnérables.
Bertrand Robert est un rédacteur expérimenté dans le domaine des jeux d’argent en ligne et des casinos en lignes.